Visite de Glendoick

22 avril 2013




J'arrive vers dix heures sous un ciel peu engageant.




L'entrée étant au centre du bâtiment on trouve à gauche la partie "bazar", à droite la partie "plante".
Je prends à droite et je suis tout de suite intrigué par un hybride entre R. edgeworthii et un R. dendrocharis. Les abondants et longs poils frisés qui ornent les lobes des calices ansi que les pédicelles m'intriguent.
Je n'ai pas le temps de l'examiner avec toute l'attention qu'il mérite : Kenneth Cox m'annonce qu'un groupe, dont il sait que je connais la plupart des membres, vient de commencer la visite du parc sous la direction de son père. Il me presse de les rejoindre.

R. edgeworthii par R. dendrocharis


Pour comparaison photo d'un R. edgeworthii ci-dessous.

R. edgeworthii


Je rengaine mon matériel photographique, monte dans ma voiture que je laisse près de la demeure aristocratique des Cox pour emprunter un chemin empierré qui monte vers le parc botanique.
Je serai resté moins de 5 minutes dans le Garden Center.

Juste à une dizaine de mètres, sur la droite avant l'entrée, deux hybrides de R. wardii par R. macabeanum poussent sur une butte. Ils sont nettement plus âgés que le mien et il me semble que le jaune de leurs corolles est un peu plus profond. Pas énormément, mais un peu.
Je passe sans leur accorder plus de temps que celui de prendre une photo.




Je pousse le portail d'où je vois un magnifique Fortunea tirant sur le "bleu".
Ils ne sont que deux dans cette sous-section à posséder des corolles plus ou moins bleues et, de plus, ils ne sont commercialisés que depuis peu : R. davidii et R. huianum.
C'est le premier R. davidii que je peux examiner tout à loisir. Le hazard faisant bien les choses j'en verrai un second trois jours plus tard.

R. davidii


¤ R. davidii => Voir Fiche taxonomique


Ce R. davidii est juste à l'intersection de deux chemins : un à gauche, plat, alors que celui de droite monte. Je n'entends absolument rien qui puisse me signaler la présence d'un groupe. J'opte pour celui de gauche où le premier rhododendron que je rencontre est un magnifique tsariense beaucoup plus joli, et de loin, que ceux examinés la veille au R.B.G.E. Feuillage et fleurs plus abondants et plus sains.

R. tsariense var. tsariense


¤ R. tsariense var. tsariense. => Voir Fiche taxonomique


Puis vient un R. lacteum peu commun. Aucun de ceux que j'ai rencontrés jusqu'ici ne présentait une macule aussi importante. Je pense qu'il s'agit du SBEC 0235 si je compare cette photo avec celle du livre The Encyclopedia of Rhododendron Species 1997. Cox signale d'ailleurs pour ce clone "avec une large macule".

R. lacteum


Pour rester dans les "jaunes" suit un imposant R. lutescens qui ne doit pas être tout jeune. Cette fois encore je n'avais jamais vu un spécimen de cette taille.

R. lutescens


J'ai beau tendre l'oreille : aucun bruit si ce n'est celui des chants d'oiseaux.
Je m'enfonce toujours plus profondément dans ce parc constitué d'espèces collectées en grande partie par les propriétaires successifs : trois générations de Cox.

Sur le côté gauche du chemin, une espèce qu'on ne rencontre pas souvent sans que l'on puisse dire pour autant qu'elle soit rare. Peut-être le R. uvariifolium dans ses deux variétés est-il difficile à bouturer ?

R. uvariifolium var. uvariifolium



¤ R. uvariifolium var. uvariifolium => Voir Fiche taxonomique


Je continue mon chemin et rejoins le groupe près d'un ruisseau au moment où Steve Hootman traverse le pont qui l'enjambe pour aller examiner de plus près un lumineux R. dendrocharis qui poussait sur l'autre rive.




R. dendrocharis


Un R. valentinianum var. valentinianum pousse juste à côté de l'endroit d'où je prends la photo du groupe.
Je remarque qu'il a bénéficié d'un traitement spécial pour augmenter le drainage : une position surélevée dans une souche en décomposition flanquée d'un lit de terreau de feuilles maintenu en place par des planches.
Je note également qu'il ne fleurit pas beaucoup.

R. valentinianum var. valentinianum


Ses corolles sont bien jaunes.

R. valentinianum var. valentinianum


Mais elles ne m'inspirent guère, peut-être à cause de leur petite taille mais surement à cause de leur petit nombre. C'est pourtant la norme car le R. valentinianum var. valentinianum est connu pour fleurir peu.

Je suis plus sensible à ses feuilles ciliées. Sentiment qui n'engage que moi quoique Cox dans son Encyclopedia...

R. valentinianum var. valentinianum

Presque en face de ce R. valentinianum var. valentinianum mais de l'autre côté d'un chemin parallèle au ruisseau poussait un R. dendrocharis à la couleur identique à celui du bord du ruisseau. L'endroit se prétait mieux à un examen poussé.


¤ R. dendrocharis => Voir Fiche taxonomique


Ce petit rhododendron est réellement séduisant.

Où aller maintenant ? Monter ou descendre le chemin qui suit le ruisseau. Je décide de monter et bientôt je discerne, par-dessus le feuillage d'autres rhododendrons, des inflorescences rose foncé. C'est un R. kesangiae var. kesangiae au top de sa floraison : ni trop tôt, ni trop tard.
Le moment idéal pour l'examiner avec toute l'attention qu'il mérite.

R. kesangiae var. kesangiae



¤ R. kesangiae var. kesangiae => Voir Fiche taxonomique


Cette espèce marque la limite supérieure du parc. Je reviens donc sur mes pas en regardant avec plus d'attention de chaque côté car je dois dire que les inflorescences du R. kesangiae var. kesangiae m'avaient tellement "hypnotisé" que je n'avais jeté aucun regard à des espèces plus "petites" .


C'est d'abord un R. recurvoides peu fleuri. Quelques boutons à fleurs sur une espèce dans la force de l'âge c'est vraiment peu.
Il appartient à ce que j'appelle des rhododendrons feuilles, c'est-à-dire ...qu'il n'a pas besoin de fleurir pour être beau et désiré.

R. recurvoides


Son indumentum est spécial : épais, laineux, brun jaunâtre et rien sur la proéminente nervure principale.

R. recurvoides


Un rhododendron de même "gabarit" poussait en voisin et lui ressemblait par sa sihouette, ses fleurs blanches ponctuées et son indumentum sensiblement de même couleur.
Je connaissais le R. wasonii mais c'était la première fois que je voyais la variété wenchuanense.

La corolle ne dépasse pas 40 mm de long. Elle peut-être de couleur jaune clair, blanche ou rose avec ou sans points rose vif chez le R. wasonii var. wasonii alors que la couleur jaune clair est absente chez le R. wasonii var. wenchuanense dont le style serait, de plus, velu à la base.

R. wasonii var. wenchuanense


Il est décrit comme possédant un indumentum fin.
Peut-être plus fin que le R. wasonii var. wasonii décrit comme possédant un indumentum épais et laineux mais personnellement je ne l'ai pas trouvé si fin que cela.

R. wasonii var. wenchuanense


Par contre je suis d'accord pour dire que le dessus des feuilles est un beau vert foncé brillant.

R. wasonii var. wenchuanense



Un peu plus loin, toujours en bordure supérieure du parc, je m'aperçois que j'ai encore beaucoup d'autres chemins à explorer. Je poursuis seul, le groupe est allé déjeuner.



Je prends un chemin perpendiculaire au ruisseau. Un massif d'espèces possédant toutes des fleurs rouges vif attirent mon regard. La plus près du chemin est une espèce dont Cox dit le plus grand bien : un R. ochraceum

R. ochraceum var. ochraceum C&H 7025



¤ R. ochraceum var. ochraceum => Voir Fiche taxonomique


Le chemin me fait ensuite passer près d'un R. rex sous-espèce fictolacteum avec peu d'inflorescences mais toutes très belles.

R. rex sous-espèce fictolacteum



Ce coin est un petit paradis pour le botaniste photographe : des espèces très "photogéniques" poussent côte à côte.


Les nervures centrales du R. erosum couvertes de poils hirsutes attirent toujours mon regard.

R. erosum


Les rameaux ne font que confirmer son appartenance à la sous-section Barbata.

R. erosum


L'écorce des Barbata est souvent attractive et celle du R. erosum ne déroge pas à cette règle.

R. erosum


Il est plus rare que les feuilles des Barbata présentent de l'indumentum et dans ce cas il n'est jamais épais.

R. erosum


Je photographie ensuite un R. rothschildii.
Il n'a aucune inflorescence et le pétiole des feuilles de ce spécimen est le moins "conforme" de tous les R. rothschildii que j'ai rencontrés. Hum !!

R. rothschildii


Tomentum léger sous la moitié inférieure du pétiole.

R. rothschildii


Pour comparaison voici un R. rothschildii de la Rhododendron Species Foundation : le pétiole est court (entre 10 et 25 mm), il est plat et très visiblement ailé (winged). Ce pétiole est beaucoup plus conforme aux descriptions.

R. rothschildii


¤ R. rothschildii => Voir Classification


Je remonte par un chemin transversal sur la limite supérieure du parc.
Il me semble que dans ce secteur on a plivilégié la plantation d'arbustes à "petites feuilles" comme des R. racemosum. Un petit groupe de cette espèce présente des fleurs de différentes teintes roses. Je peux même apercevoir ce que je pense être un R. quinquefolium à la floraison blanche, tout à fait à gauche, poussant en retrait.

R. racemosum


Naturellement je contourne ces racemosum pour aller voir le R. quinquefolium.

Surprise, ce n'est pas un quinquefolium mais un R. pentaphyllum extrêmement rare en blanc. Cette espèce japonaise est le plus souvent rose plus ou moins foncé ou mauve mais c'est la première fois que je la vois dans cette couleur.

R. pentaphyllum


La corolle est blanc pur avec des points verdâtres sur les lobes supérieurs. Les fleurs apparaissent légèrement avant les feuilles qui sont généralement par groupes de cinq ce qui lui a valu son nom.


R. pentaphyllum


Les R. pentaphyllum et quinquefolium sont étroitement apparentés mais on peut les différencier par le "timing" de l'apparition des feuilles : les fleurs apparaissent avant les feuilles chez le R. pentaphyllum alors qu'elles apparaissent en même temps que les feuilles chez le R. quinquefolium.


¤ R. quinquefolium forma quinquefolium. => Voir Classification


Je jure, mais un peu tard, que l'on ne m'y prendra plus.


Toujours dans les rhododendrons à petites feuilles, un magnifique R. parmulatum que je pense être le R. parmulatum 'Ocelot'. Aucune étiquette ne vient confirmer si ma supposition est juste mais la description de la ponctuation des corolles et de la texture des feuilles correspond à la description qui en est faite. Cet 'Ocelot' a obtenu un A.M.

Après le R. ochraceum var. ochraceum c'est un nouveau Neriiflora peu commun et assez atypique par la couleur de ses corolles qui vient gonfler ma "collection".


¤ R. parmulatum => Voir Fiche taxonomique


Un peu plus loin je remarque, planté à la base d'une pente douce où des planches retiennent l'humus, un rhododendron de stature moyenne, plus large que haut, au feuillage dense sur lequel se détachent des fleurs d'un rouge flamboyant.

C'est un R. aperantum, espèce rarement cultivée.

R. aperantum



¤ R. aperantum => Voir Fiche taxonomique


Je n'avais eu l'occasion de voir cette espèce qu'une seule fois : c'était en Bretagne il y avait presque 20 ans. Une seule pauvre inflorescence sur un très jeune plant de 10 cm de haut. Ce plant était mort rapidement mais j'avais toujours en mémoire l'émotion engendrée par une corolle luisante d'un riche rouge.
Je dois dire que j'ai retrouvé cette émotion devant ce R. aperantum à Glendoick.


La séquence "émotion" passée, je prends la direction de la sortie par un autre chemin.
Je suis perplexe devant un rhododendron qui me rappelle vaguement un R. floribundum par ses feuilles mais sans grosse macule dans les corolles.
C'est un R. coeloneuron

R. coeloneuron


Les feuilles sont aussi "gaufrées" et présentent sensiblement le même rapport de taille avec les corolles (taille de la corolle / longueur de la feuille).

R. coeloneuron


Pour comparaison :


¤ R. floribundum. => Voir Classification


Le R. coeloneuron est classé dans la sous-section Taliensia.
Cox, dans son Encyclopedia, suggère que cette espèce serait plus à sa place dans la sous-section Argyrophylla (comme le R. floribundum)



Si vous vous rappelez, j'avais examiné à Edimbourg un rhododendron dont l'étiquette indiquait aff. temenium.


¤ R. aff. temenium => Voir Fiche taxonomique


Cette fois l'étiquette signalait R. temenium, sans plus. La corolle était d'une couleur si différente que le reste de l'identification en était facilité : c'était un R. temenium var. gilvum

R. temenium var. gilvum


Le fond de sa corolle était un jaune citronné.

R. temenium var. gilvum


L'ovaire présentait le même système pileux caractéristique.

R. temenium var. gilvum



Tout en réfléchissant aux lois du hasard qui m'avaient fait découvrir cette espèce par deux fois, à deux jours d'intervalle et à deux endroits différents, je m'achemine lentement vers la sortie.

Le hasard faisant bien les choses, du moins ce jour là, il me met en présence d'une espèce que j'avais déjà eu l'occasion de voir au R.B.G.E. en 2008 mais sans ses fleurs car sa floraison était passée.

Un R. cyanocarpum.

R. cyanocarpum SBEC 0951


Feuilles elliptiques larges, limite orbiculaires, conservées 1 an.

R. cyanocarpum SBEC 0951


Cinq nectaires foncées en fond de gorge.

R. cyanocarpum SBEC 0951


Les Thomsonia auxquels appartient ce R. cyanocarpum ont en commun d'avoir un calice bien développé et le plus souvent cupulaire.

¤ Calice cupulaire. => Voir Glossaire

Le calice de ce R. cyanocarpum SBEC 0951 est tout sauf bien développé ou cupulaire.

R. cyanocarpum SBEC 0951


Calice cupulaire du R. cyanocarpum Forrest 15570 photographié au R.B.G.E. en mai 2008.
Notez la couleur bleutée des fruits qui a donné son nom à l'espèce.

R. cyanocarpum Forrest 15570



Quelques dizaines de mètres plus loin je quitte ce parc riche d'espèces que l'on a rarement l'occasion de pouvoir examiner tout à loisir.
Je repasse devant l'hybride de R. wardii par R. macabeanum.

R. wardii par R. macabeanum à Glendoick.



Mais non, il n'était pas plus jaune que celui qui pousse dans mon jardin.

R. wardii par R. macabeanum à Fouesnant.



Deux cents mètres plus loin je retrouve ma voiture, rentre mon matériel et c'est parti.
Je quitte définitivement la côte Est pour la côte Ouest. Dans 3 petites heures je serai dans la région d'Oban pour la visite programmée d'Arduaine le lendemain.











Bibliographie.

Pocket Guide to Rhododendron Species 2009.
Rhododendron Species. H. H. Davidian.
Rhododendron Species Yearbook 2011.
The Encyclopedia of Rhododendron Species 1997.
The Rhododendron Handbook 1980.
The Rhododendron Handbook 1998.
The Species of Rhododendron 1930.


Photos et texte Marc Colombel